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Voyage au bout de la thèse

29 Août 2012 , Rédigé par Incipitschriftsteller Publié dans #romans francopohones

Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un doctorant lui aussi, un camarade. On se rencontre donc à la Bibliothèque nationale. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Ce café des Temps, qu’il commence, c’est pour les touristes et les mandarins ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les salles de lecture, à cause de la chaleur ; pas de chercheurs, rien. Quand il fait très froid, non plus, il n’y a personne dans les salles de lecture ; c’est lui, même que je m’en souviens, qui m’avait dit à ce propos : « Les doctorants ont l’air toujours d’être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir ; la preuve, c’est que lorsqu’il ne fait pas bon se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit plus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés crème et des bocks. C’est ainsi. Thèse en trois ans ! qu’ils disent. Où ça ? Insertion professionnelle ! qu’ils racontent. Comment ça ? Rien n’est changé en vérité. Ils continuent à gloser et c’est tout. Et ça n’est pas nouveau non plus. Des mots, et encore pas beaucoup, même parmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, par-là, des petits… » Bien fiers alors d’avoir fait sonner ces vérités utiles, on est demeurés là assis, ravis, à regarder les thésardes du café.

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