Interlude dominical
Rédiger la thèse est une chose, mais attention aussi à la soutenance. En témoigne ce célèbre cri de révolte de 1961 d'un doctorant désemparé face à son Jury:
"Ce jury a une apparence : un quarteron de professeurs émérites. Il a une réalité : un groupe de mandarins sectaires, orgueilleux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent une attention expéditive et limitée. Car ils ne voient et ne comprennent la thèse et le doctorant que quinze minutes après leur déjeuner. Leur somnolence conduit tout droit à un désastre doctoral.
Car l'immense effort de redressement de la connaissance, entamé depuis le fond du trou, un 1er septembre, mené ensuite jusqu'à ce qu'en dépit de tout le financement fût assuré, la thèse rédigée, le volume imprimé ; repris depuis cinq ans, afin de refaire l'Histoire, de maintenir la cohérence conceptuelle, de reconstituer notre science, de maintenir notre statut d’ATER au-dehors, de grossir notre dossier au rectorat à travers de nécessaires détachements, tout cela risque d'être rendu vain, le jour même de la réussite, par la désinvolture odieuse et stupide des membres du Jury.
Voici la thèse bafouée, la recherche défiée, notre carrière ébranlée, notre prestige doctoral abaissé, notre place et notre évolution dans la carrière compromises. Et par qui ? Hélas ! Hélas ! Hélas ! Par des hommes dont c'était le devoir, l'honneur, la raison d'être, de relire et de rapporter ..."